Des mots, une histoire n°102
Des mots, une histoire
L’idée est simple : il faut écrire une histoire avec des mots imposés.
Voici les mots donnés : talent – surprenant – conteur – phénomène – tempête – personnage – scène – décor – cimetière – éternellement – infini
Les mots sont en gras dans le texte !
Je me lance donc dans l’écriture d’une histoire fantastique à découvrir au fil des ateliers (j’aime cette idée de retrouver mes nouveaux compagnons pour plusieurs séances d’écriture !).
Je vous souhaite une bonne lecture.
Au travers des regards – chapitre 1/fin
J’armai mon bras et retins mon souffle. D’un bond, je m’extirpai du canapé et lançai l’ouvrage sur mon ennemi. Un bruit sourd résonna dans l’appartement ainsi qu’un cri animal très strident. J’avais manqué de peu ma cible, et j’en serais éternellement reconnaissante envers mon manque cruel d’adresse.
— Oh, mon Marty ! Comme je suis désolée.
Je courrai en direction du félin qui me crachait dessus avec colère et l’attrapai dans mes bras. J’écrasai son petit corps contre le mien en le couvrant de caresses. Il était complètement trempé, pas étonnant avec cette tempête qui s’était levée, déversant une pluie torrentielle. Un phénomène météorologique surprenant pour un mois de mai… C’était une véritable scène digne du célèbre Déluge, au moins !
— Mais qu’est-ce qui t’as pris de me faire une peur pareille ?
Gaga de mon chat ? Le mot était faible ! Il était mon compagnon depuis que j’avais emménagé ici. Marc me l’avait offert pour mes 20 ans et, depuis, nous étions inséparables. Je vous passais les diverses crises de Monsieur lorsque je devais me rendre à la librairie chaque matin…
Pour me faire pardonner, il eut le droit à double ration de croquettes et portion de crevettes. Et cet infini goulu n’en laissa pas une miette. Le ventre touchant quasiment terre, il partit se rouler en boule sur le canapé et s’endormit. Vraiment, la vie de chat me laissait rêveuse !
Je passais le reste de l’après-midi cloitrée à l’appart’ en compagnie d’un bon livre écrit par un conteur de talent. De toute façon, c’était la seule chose que je pouvais faire avec ce temps… Et ce n’était pas comme si j’avais des amis chez qui me rendre… Le seul que je possédais travaillait à cette heure-ci.
Encore embrumée par l’univers de l’auteur, il me semblait que le décor et les personnages avaient pris possession des lieux. Je rejoignis la salle de bain d’un pas hasardeux provoqué par l’effervescence dans mon esprit. D’un geste théâtral, je fis sauter le bouton de mon jeans, enlevai mon tee-shirt et allumai l’eau de la douche.
Mais je fus arrêtée dans mon élan par un Marty si hystérique que je ne le reconnus pas. Il se plaça devant moi, tous les poils ébouriffés, comme s’il comptait me protéger. Un bruit sourd provint du petit salon. Il ne me fallut que quelques instants pour comprendre que, cette fois-ci, il y avait bien un intrus dans mon salon. Et pour le coup, je n’avais absolument rien sous la main qui pouvait faire un semblant d’arme.
Je me positionnai à côté de la porte, et tentai de faire le moins de bruit possible. J’entendis de nombreuses choses tomber au sol et se briser. Puis un silence tomba sur l’appartement pendant ce qui me sembla durer une éternité. Jusqu’à ce qu’une force surhumaine traverse la porte et s’agrippe à mon bras, m’entraînant dans sa direction.